C'est la période des bilans et des analyses pour préparer l'année qui vient.
Je relis certains des articles que j'ai écrits à propos de l'évolution de l'écosystème Cloud.
Voici ma revue de celui que j'ai intitulé Ecosystème Cloud 2013 : 6 Surfeurs et 6 Rameurs dans le Tsunami Cloud
En bleu, je partage mon point de vue sur ce qui s'est passé en 2013 pour chaque type d'acteurs (j'ai laissé le texte d'origine en noir).
6 rameurs – 2013 ne sera pas n'a pas été de tout repos pour les acteurs IT traditionnels
- VARs et SSII : Beaucoup de revendeurs à valeur ajoutée (Value Added Resellers) et de sociétés de services hésitent encore à embrasser le cloud. Ils vont commencer à ressentir la pression des nouveaux « pure players » du cloud, revendeurs ou intégrateurs SaaS et autres «Cloud Brokers» (courtiers en services cloud). Le nombre d’opportunités de ventes perdues face à des propositions cloud et SaaS va exploser en 2013. En fait, les pure players sont encore restés timides cette année, mais ç'est en train de changer ! Par contre, ça y est, les SSII (pardon, les ESN!), et les VARs sont désormais dans la phase du "comment" et non plus du "pourquoi" en ce qui concerne le Cloud.
- VADs : Les grossistes à valeur ajoutée (Value Added Distributors) font la promotion de leurs innovantes plateformes d’agrégation de services cloud. Mais leur adoption par le channel va prendre plus de temps que prévu. Les fournisseurs doivent d’abord correctement intégrer leurs services cloud dans ArrowSphere, StreamOne et autres plateformes. Par ailleurs les VADs sont lents à se transformer pour le cloud et n’ont pas encore établi leur pertinence et leur crédibilité de distributeurs de services cloud. Pour la 3ème année d'affilée, Arrow ECS et TechData ont présenté leurs solutions d'agrégation de services Cloud à Partner VIP! ArrowSphere et StreamOne peinent à décoller vraiment. Par contre, Arrow ECS a compris l'intérêt d'apporter un catalogue d'offres aux MSPs et exploite ArrowSphere à cet effet. Intéressant, mais différent de la promesse initiale de l'agrégation de services cloud pour VARs. A suivre...
- ISVs : Les éditeurs de logiciels (Independent Software Vendors) traditionnels sont submergés d’alternatives pour exploiter le cloud. Ils font face à trop d’options pour porter leurs applications sur le cloud ou pour développer des solutions cloud natives. Tout en gardant un œil sur la concurrence des pure players, ils doivent aussi décider comment et à quelle vitesse intégrer la mobilité, le big data, le social business, etc… Pas simple ! Eh, non, toujours pas simple de s'y retrouver dans la jungle des offres (a) des MSPs et CSPs de tout poil... dont Aspaway et IBM/SoftLayer, bien sûr, (b) des fournisseurs de technologies / plateformes de PaaS, de mobilité, de big data, de social business, etc... qu'il devient urgent d'exploiter.
- MSPs : les fournisseurs de services d’infogérance et/ou d’hébergement (Managed Service Providers) ont du mal à trouver une position solide dans le cloud. Doivent-ils s’attaquer à un marché IaaS/PaaS en cours de commoditisation par les Amazon, Google, MS Azure, IBM SmartCloud et les nouveaux arrivants tels que CloudWatt ou Numergy ? Peuvent-ils réussir dans des niches verticales ou communautaires à forte valeur ajoutée ? Ceux qui offrent encore du Cloud Canada Dry souffrent pour rester à flot dans le tsunami cloud. Quant aux Telcos, je n’ai pas une bonne vision de leur capacité à sortir du lot en 2013. Beaucoup de mouvements dans ce secteur en 2013. La guerre du IaaS fait rage. IBM ferme SmartCloud Enterprise après le rachat hautement stratégique de SoftLayer. Les MSPs, poussent comme des champignons en France. Mais leur maîtrise du cloud est encore imparfaite et leur spécialisation / verticalisation n'est pas encore très visible.
- Grands fournisseurs établis : Les gros constructeurs et fournisseurs de technologies courent après l’or du cloud depuis deux ou trois ans. Mais ils n’ont pas encore totalement adapté leurs processus, leurs indicateurs clés de performance (KPIs) et leurs mécanismes de reporting aux nouvelles règles du jeu du cloud. Si on y rajoute la difficulté à faire évoluer les compétences internes et les cultures, on comprend que l’accélération du cloud n’est pas une promenade de santé pour eux non plus ! Lente évolution dans ce domaine, mais j'ai perçu un changement chez les entités IBM telles que IBM Software Group ou IBM Technology Services : Le Cloud est maintenant partout ou, tout du moins, dans tous les évènements et dans la plupart des campagnes marketing.
- Cloud Builders: les intégrateurs d’infrastructures et autres CSI (Consultants and Systems Integrators) font tous des plans pour vendre, concevoir, mettre en oeuvre et opérer des infrastructures de clouds privés et hybrides. Mais ils peinent à attirer, développer et garder les bons talents et compétences pour se différencier et se positionner en experts cloud. Ils ont aussi du mal à proposer des solutions en opex (payez en fonction de votre usage) au lieu de capex (achetez votre infrastructure cloud). Pas d'évolution radicale ici, en dehors du fait que la grande majorité des aspirants Cloud Builders essaient de développer, avec plus ou moins de bonheur, un business de MSP.
6 surfeurs – 2013 va faire a fait briller certains acteurs du Cloud
- Fournisseurs de BPaaS: Les fournisseurs de contenus et de données, les prestataires de services business, les BPOs (business process outsourcers) exploitent des solutions IaaS, PaaS, SaaS pour proposer leurs services en mode BPaaS (Business Process as a Service). Les analystes du cloud les appellent parfois des « canaux verticaux » (vertical channels) parce qu’ils répondent aux besoins business spécifiques d’un segment d’industrie ou d’une fonction dans l’entreprise. Ce sont des partenaires commerciaux attirants pour les fournisseurs de services cloud qui ont du mal à embarquer leurs canaux et partenaires traditionnels dans le cloud. Certains fournisseurs de services business industrialisent également leurs offres de conseil, de fourniture de données ou de services business en les transformant en logiciels « as a service » dans le cloud! 2013 n'a pas été l'année de la déferlante des fournisseurs de BPaaS, ni des partenariats innovants entre éditeurs SaaS et prestataires de services business. Mais ça frémit: On voit notamment IBM draguer les Marketing Service Providers pour ses offres Marketing, Mobiles et Analytics. Et c'est bien dans les usages business du Cloud que tout le monde voit désormais l'évolution des offres et solutions "valeur".
- AppStores B2B : Je fais cette prédiction en avance de phase pour la France, mais nous détecterons sans doute en 2013 des gagnants potentiels dans la course aux services B2B (Business to Business) d’agrégation, d’intermédiation, de courtage (brokerage) de places de marché, de communautés verticales ou de magasins d’applications (AppStores). Beaucoup veulent être de la partie avec les VADs, les Telcos, les distributeurs B2B ou les gros acteurs de l’IT et du web. Ca démarre, poussé notamment par l'explosion du M de SMAC (Social, Mobile, Analytics, Cloud) et par la culture des API qui se répand à grande vitesse.
- Startups SaaS: Dans tous les domaines, ERP et solutions métier y-compris, les Startups SaaS commencent à déferler sur le marché français. Elles forcent les éditeurs adeptes du SaaS Canada Dry à migrer vers le cloud, à traiter le SaaS sérieusement, à acquérir certains de ces natifs du cloud ou à risquer de perdre pied. Qu’elles soient bien financées ou démarrées avec des bouts de ficelle (bootstrapping), ces pure players profitent de la guerre du IaaS et du Paas pour payer de manière flexible les plateformes dont elles ont besoin pour développer, lancer et opérer leurs services SaaS. Si, en plus, elles génèrent leurs leads par de l’inbound ou du social marketing, leurs concurrents établis ont vraiment du souçi à se faire ! Eurocloud, IBM SmartCamp, LeWeb... reconnaissent tous ce phénomène au travers de leurs trophées Startups. Par contre, les analystes du marché IT ont de plus en plus de mal à les mettre dans les cases traditionnelles d'éditeurs, de revendeurs, d'intégrateurs, etc... Avez-vous déjà entendu le dirigeant d'une startup du web se définir comme un "éditeur"? Et pourtant, beaucoup concurrencent directement les éditeurs B2B "canal historique", en profitant de la guerre du IaaS, des avancées du PaaS, du "Content Marketing"...
- DSI Cloud Brokers: De plus en plus de DSI transforment leurs départements informatiques en Cloud Brokers afin de s’aligner étroitement avec les lignes de business (LOBs). Elles provisionnent et intègrent des ressources IaaS, PaaS, SaaS, XaaS au travers d’un catalogue de services cloud sélectionnés (compliance, sécurité, intégration…) et négociés (niveaux de services, réversibilité…). Ces services cloud sont issus de leurs clouds privés, qu’ils soient « on premise » ou hébergés, mais aussi et de plus en plus de clouds publics. Dans la même veine, des sociétés de services régionales jouent le rôle de DSI externalisée et de cloud broker pour le compte de PME/PMI. Le CSB - Cloud Service(s) Broker(age) - avec ses variantes linguistiques et sous-modèles de business, depuis l'agrégateur à l'agent, en passant par l'intégrateur et le "comparateur" - fait désormais l'objet de très nombreux articles, points de vue, livres blancs, briefs... [1] IDC, Gartner, Forrester et Saugatuck Technologies et d'autres éduquent les DSI et les intégrateurs à leur nouveau rôle de CSB. [2] Les grossistes agrégateurs de services cloud et les fournisseurs de plateformes d'agrégation et de brokerage (Parallels, Jamescracker...) évangélisent les VARs et les MSPs et leur proposent de développer un business de CSB.
- Clients Fournisseurs Cloud: Guidées par ces DSI ou ces sociétés de services de confiance (« trusted advisors »), certains de nos clients repensent leur informatique et réinventent leur business pour fournir des services cloud à leurs propres clients et autres « stakeholders ». La frontière entre client et fournisseur IT devient floue. Toutes les entreprises deviennent des fournisseurs de services cloud, mais, le plus souvent, elles ne le savent pas et/ou ne le disent pas. Elles délivrent tout simplement un meilleur service business à leurs clients et autres stakeholders en s'appuyant sur des technologies et services cloud. Autre phénomène lié à l'explosion de la création et de l'usage de "logiciels" (exploités de plus en plus en XaaS), de plus en plus de Startups se font désormais racheter par des sociétés dont les activités sont (étaient!) en dehors de l'IT. A suivre...
- Experts Cloud: La pénurie de talents cloud techniques et commerciaux profite aux précurseurs. Consultants, architectes, intégrateurs, intégrateurs, développeurs, administrateurs, (bonjour devops!), avant-ventes, vendeurs, voire marketeurs cloud : tous sont chassés et attirés par les fournisseurs cloud de tous types. Quel meilleur moment pour être un « Cloud SME » (subject matter expert). C'est d'autant plus vrai en cette fin 2013 que le marché du cloud se complexifie à vitesse grand V. Plus personne - et surtout pas moi - n'est capable de tout embrasser, de tout comprendre. D'où la nécessité de faire appel à des experts de plus en plus pointus, (dont des développeurs et autres experts du DevOps) et/ou des consultants/architectes capables de lever la tête de dessous le capot! Par ailleurs, le phénomène décrit au paragraphe précédent participe à la croissance des besoins en compétences dans tous les domaines du cloud.
Quelles sont VOS prédictions retours d'expérience/réflexions pour le Cloud et son écosystème en 2013 et 2014?
Loic Simon
IBM Business Development, Aspaway
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